(…) quand Patrick Messina photographie la mer, ses bateaux à voile ont moins l’air d’être téléguidés depuis le bord d’un bassin qu’absorbés dans une immensité fascinante. Autant ses paysages urbains inversent le rapport d’échelle, autant ses marines l’accentuent. Dans les deux situations, le regard perd ses repères. Ses images entraînent dans un infiniment petit ou plonge dans un infiniment grand. La réalité, d’ordinaire proche et nette, est modifiée au profit d’une vision éthérée ; son sens bascule dans l’émotionnel. Les images ne sont plus correctement traduites : égaré dans son ressenti, le regardeur n’arrive plus comprendre l’image, selon les mots de Sofia Coppola, il est Lost in translation. Au sens étymologique, les photographies de Patrick Messina peuvent être dites sublimes : elles jouent avec les limites déroutant notre interprétation et déboutant notre rationalité. Qui des Majorettes, des Playmobils ou de la nature rend le plus compte de l’absurdité de la condition humaine ?